L’entomophagie

L’entomophagie consiste à manger des insectes. Je vais donc une nouvelle fois vous parler de cuisine. A la Réunion, un des plats les plus raffinés est à base de larves de guêpes. Elles peuvent se manger en friture ou en cari, la difficulté étant de se procurer l’ingrédient essentiel à savoir les nids de larves. Deux possibilités s’offrent à vous. La première est la plus simple mais aussi la plus onéreuse : il vous suffit d’acheter des nids au bord de la 4 voies (allez, je vous donne un tuyau : après la rivière du Mât, direction Saint Benoît) auprès d’un chasseur de guêpes qui les a attachés à une espèce de canne à pêche. Il vous en coûtera un bras mais, au moins, vous pourrez réaliser votre recette sans trop de problèmes. La deuxième est plus risquée et vous procurera plus de sensations mais vous en tirerez aussi plus de fierté : il s’agit d’aller vous même à la chasse aux nids. Pour ce faire, vous devez vous munir d’un bâton et d’un chiffon que vous brûlerez afin d’enfumer le nid. Normalement, les guêpes déguerpissent et vous pourrez récupérer le nid si toutefois elles ne vous ont pas piqué. Pour cela, restez immobile, tout geste agressif de votre part est proscrit. Si par malheur, l’essaim vous attaque et vous pique, je vous conseille très fortement de reporter votre préparation et de vous rendre aux urgences. Si elles vous laissent faire, détachez le pédoncule c’est-à-dire le « robinet » qu’elles ont fixé sur une paroi et qui retient le plateau alvéolé. Si vous souhaitez faire l’expérience, voici une recette ici. Je ne peux pas vous en dire davantage car je ne mange pas d’insectes, cependant, il paraîtrait qu’elles regorgent de bonnes protéines. Mais, sachez qu’il y a pire que cela dans d’autres pays du monde : par exemple au Mexique, le mets suprême est de manger des œufs de fourmis appelés « escamoles », les fourmis étant quand même d’une certaine grosseur.

Caviar

C’est la période, en ce moment, du caviar de la Réunion. En fait, je vais vous parler de « bichiques » car ici le cari bichique est un mets très prisé des réunionnais. Les bichiques sont des alevins qui se reproduisent dans les rivières de l’est de l’île, à savoir, la rivière du Mât, la rivière des Marsouins et la rivière des Roches. Ils se retrouvent à l’embouchure des fleuves qui se présente sous forme de canaux et vont remonter ces cours d’eau pour frayer. Ce petit poisson de quelques millimètres est impressionnant de dextérité car il va pouvoir « escalader » des parois rocheuses grâce à sa ventouse ventrale. Mais gare à lui car les pêcheurs en surnombre ont installé des vouves, qui sont des nasses en forme de cônes, pour les piéger. D’autres pêcheurs, peu scrupuleux, déversent des litres de javel ou détournent des canaux, ou bien utilisent des moustiquaires pour que la pêche soit plus fructueuse. Ces pratiques sont, hélas, courantes et se font au vu et au su des autorités qui ferment les yeux. Ces orpailleurs des rivières s’imposent et la loi du plus fort est malheureusement celle qui l’emporte. La surpêche menace donc le bichique et depuis quelques années la pénurie des alevins est de plus en plus flagrante ce qui fait flamber le prix du kilo. Dernièrement, j’ai appris que le bichique se vendait à 70 euros le kilo. Bon, je n’ai jamais mangé de cari bichique mais si toutefois vous vouliez participer à son éradication voici une recette que j’ai cherchée pour vous, cliquez ici.

Une vouve

Embouchure de la rivière des Roches

Chair de requin

Vous allez me dire qu’avec la crise requin que l’on a à la Réunion, mieux vaudrait le pêcher et en faire une spécialité culinaire réunionnaise, n’est-ce pas ? Et donc, vous souhaitez la recette qui épatera vos convives ? et bien, que nenni ! Le requin à la réunion ne se mange pas, il y a même une interdiction qui frappe la commercialisation et la consommation du requin tigre et du requin bouledogue depuis 1999. En effet, le requin est porteur d’une toxine mortelle pour l’homme, la ciguatera. Elle provient d’une algue qui recouvre les récifs coralliens quand ceux-ci blanchissent c’est-à-dire quand ils dépérissent, les causes étant le tourisme de masse et les cyclones. L’intoxication se fait par l’intermédiaire des poissons brouteurs de corail et des poissons herbivores qui se nourrissent d’algues. Suivant la chaîne alimentaire, ces poissons deviennent la proie d’autres poissons, d’abord omnivores puis carnivores jusqu’au prédateur final qu’est le requin.

En 1993, à Madagascar, s’est déroulée la plus grande tragédie liée à la ciguatera. Entre 60 et 98 personnes sont mortes pour avoir consommé du requin contaminé par les ciguatoxines. Paradoxalement, si la consommation du requin est interdite à la Réunion, elle ne l’est pas à Mayotte, autre département d’outre-mer français dans le canal du Mozambique pourtant, beaucoup plus proche de Madagascar et donc plus exposé à la contamination …

requin

Le chouchou

Et bien, je vais commencer ce blog en vous décrivant une activité quotidienne que je déteste faire : la cuisine ! Je me lance avec le gratin de chouchous. J’ai acheté, sur le bord de la route, il y a quelques jours (et oui, car je déteste aussi les supermarchés !), des chouchous. En fait, il s’agit du légume phare de la Réunion mais que l’on trouve dans plusieurs parties du monde sous différentes appellations : « christophine » aux Antilles, « chow chow » en Inde, « choko » en Australie etc, mais sa vraie identité est « la chayote » qui nous vient tout droit du Mexique où on l’appelle « el cayote ». Ce légume fait partie de la famille des cucurbitacées et on le cultive surtout sur treille principalement dans le cirque de Salazie (il y a même une fête qui lui est consacrée, sacré chouchou !). Pour que vous puissiez en avoir une image précise, une petite description s’impose. Il est donc vert en forme de poire avec une seule graine à l’intérieur et recouvert de « poils épineux ». Le portrait est peu flatteur mais très proche de la réalité. Et si je rajoute que c’est un légume plutôt fade, enfin, peu goûteux, vous allez me dire, quel est l’intérêt de le cuisiner ? Et bien, c’est l’un des légumes les moins chers (on peut facilement le trouver à 0.70 €/kg) ! De plus, faire un gratin ne prend que très peu de temps, idéal pour les personnes qui n’aiment pas cuisiner ! Ma recette est très simple : on enlève la peau du chouchou avec un économe et une gouge (qui sert aussi à enlever les yeux de l’ananas, outil de cuisine indispensable à la Réunion que vous pouvez d’ailleurs voir sur la photo !). On met le chouchou à cuire dans de l’eau. En attendant, on prépare une béchamel (beurre, farine, lait, ail sans oublier le sel et le poivre, ne me demandez jamais les quantités, je n’en ai aucune idée !). On écrase le chouchou avec un presse purée, on mélange le tout dans un plat beurré. On rajoute bien évidemment le gruyère râpé (sans lequel, toute préparation serait insipide) et on enfourne tout ça dans le four ! On peut varier la recette en ajoutant de la courge, des pommes de terre, des poireaux … enfin tout ce qui traîne dans le frigo ! Bon appétit !